La Mort d’une libellule

Sous les branches de saule en la vase baignées

Un peuple impur se tait, glacé dans sa torpeur,

Tandis qu’on voit sur l’eau de grêles araignées

Fuir vers les nymphéas que voile une vapeur.
Mais, planant sur ce monde où la vie apaisée

Dort d’un sommeil sans joie et presque sans réveil.

Des êtres qui ne sont que lumière et rosée

Seuls agitent leur âme éphémère au sommeil.
Un jour que je voyais ces sveltes demoiselles,

Comme nous les nommons, orgueil des calmes eaux.

Réjouissant l’air pur de l’éclat de leurs ailes,

Se fuir et se chercher par-dessus les roseaux,
Un enfant, l’œil en feu, vint jusque dans la vase

Pousser son filet vert à travers les iris,

Sur une libellule ; et le réseau de gaze

Emprisonna le vol de l’insecte surpris.
Le fin corsage vert fut percé d’une épingle;

Mais la frêle blessée, en un farouche effort.

Se fit jour, et, prenant ce vol strident qui cingle,

Emporta vers les joncs son épingle et sa mort.
Il n’eût pas convenu que sur un liège infâme

Sa beauté s’étalât aux yeux des écoliers :

Elle ouvrit pour mourir ses quatre ailes de flamme,

Et son corps se sécha dans les joncs familiers.

Chaville, mai 1870.

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La Mort d’une libellule
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