L’autographe

À ETIENNE CHARAVAY
Cette feuille soupire une étrange élégie,

Car la reine d’Écosse aux lèvres de carmin

Qui récitait Ronsard et le Missel romain,

A mis là pour jamais un peu de sa magie.
La Reine blonde avec sa débile énergie

Signa Marie au bas de ce vieux parchemin,

Et le feuillet pensif a tiédi sous sa main

Que bleuissait un sang fier et prompt à l’orgie.
Là de merveilleux doigts de femme sont passés

Tout empreints du parfum des cheveux caressés

Dans le royal orgueil d’un sanglant adultère.
J’y retrouve l’odeur et les reflets rosés

De ces doigts aujourd’hui muets, décomposés,

Changés peut-être en fleurs dans un champ solitaire.

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L’autographe
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