A une chatte

Chatte blanche, chatte sans tache,

Je te demande, dans ces vers,

Quel secret dort dans tes yeux verts,

Quel sarcasme sous ta moustache.
Tu nous lorgnes, pensant tout bas

Que nos fronts pâles, que nos lèvres

Déteintes en de folles fièvres,

Que nos yeux creux ne valent pas
Ton museau que ton nez termine,

Rose comme un bouton de sein,

Tes oreilles dont le dessin

Couronne fièrement ta mine.
Pourquoi cette sérénité ?

Aurais-tu la clé des problèmes

Qui nous font, frissonnants et blêmes,

Passer le printemps et l’été ?
Devant la mort qui nous menace,

Chats et gens, ton flair, plus subtil

Que notre savoir, te dit-il

Où va la beauté qui s’efface,
Où va la pensée, où s’en vont

Les défuntes splendeurs charnelles ?

Chatte, détourne tes prunelles ;

J’y trouve trop de noir au fond.

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A une chatte
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