Le Soir, dans une vallée

Déjà le soir de sa vapeur bleuâtre

Enveloppait les champs silencieux ;

Par le nuage étaient voilés les cieux :

Je m’avançais vers la pierre grisâtre.

Du haut d’un mont une onde rugissant

S’élançait : sous de larges sycomores,

Dans ce désert d’un calme menaçant,

Roulaient des flots agités et sonores.

Le noir torrent, redoublant de vigueur,

Entrait fougueux dans la forêt obscure

De ces sapins, au port plein de langueur,

Qui, négligés comme dans la douleur,

Laissent tomber leur longue chevelure,

De branche en branche errant à l’aventure.

Se regardant dans un silence affreux,

Des rochers nus s’élevaient, ténébreux ;

Leur front aride et leurs cimes sauvages

Voyaient glisser et fumer les nuages :

Leurs longs sommets, en prisme partagés,

Etaient des eaux et des mousses rongés.

Des liserons, d’humides capillaires,

Couvraient les flancs de ces monts solitaires ;

Plus tristement des lierres encor

Se suspendaient aux rocs inaccessibles ;

Et contrasté, teint de couleurs paisibles,

Le jonc, couvert de ses papillons d’or,

Riait au vent sur des sites terribles.

Mais tout s’efface, et surpris de la nuit,

Couché parmi des bruyères laineuses,

Sur le courant des ondes orageuses

Je vais pencher mon front chargé d’ennui.

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Le Soir, dans une vallée
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