Incinération

Quand sa fenêtre est ouverte, elle entend des pas dans la ruelle puis plus rien.
Attendant qu'elle apparaisse peut-être, il se tient immobile. Ses ailes d'Annonciateur, repliées sous sa capote de vaguemestre, sont noircies par la poudre à canon. Un soleil

clair chauffe un à un les fils d'or de ses galons.
Très loin grondent les tambours voilés d'un orage sec d'été qui ne veut pas crever. Le vent remue la statuaire des nuages ; les trompettes du liseron tremblent dans le

grillage.
Si légère est la lettre qui tombe dans la boîte de fer que n'y prend garde la bien-aimée. Elle s'oublie à des pensées sur des anges qui ne veulent pas de son

sang.
L'autre attend sa réponse pendant vingt ans, après quoi, fou de rage, il brûle la rose de carton, l'anneau d'os et le fragment d'hymen, les boucles mortes et le ruban d'honneur.

Et tout n'est plus qu'amour incinéré selon les lois sublimes de la thermodynamique.

Dominique Pagnier

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Incinération
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