Chair ! ô seul fruit mordu des vergers d’ici-bas,

Fruit amer et sucré qui jutes aux dents seules

Des affamés du seul amour, bouches ou gueules,

Et bon dessert des forts, et leurs joyeux repas,
Amour ! le seul émoi de ceux que n’émeut pas

L’horreur de vivre, Amour qui presses sous tes meules

Les scrupules des libertins et des bégueules

Pour le pain des damnés qu’élisent les sabbats,
Amour, tu m’apparais aussi comme un beau pâtre

Dont rêve la fileuse assise auprès de l’âtre

Les soirs d’hiver dans la chaleur d’un sarment clair,
Et la fileuse c’est la Chair, et l’heure tinte

Où le rêve étreindra la rêveuse, – heure sainte

Ou non ! qu’importe à votre extase, Amour et Chair ?

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