L’heure comme nous rêve accoudée aux remparts.

Penchés vers l’occident, nous laissons nos regards

Sur le port et la ville, où le peuple circule,

Comme de grands oiseaux tourner au crépuscule.

Des bassins qu’en fuyant la mer à mis à sec

Monte humide et puissante une odeur de varech.

Derrière nous, au fond d’une antique poterne,

S’ouvre, nue et déserte, une cour de caserne

Immense avec de vieux boulets ronds dans un coin.

Grave et mélancolique un clairon sonne au loin…

Cependant par degrés le ciel qui se dégrade

D’ineffables lueurs illumine la rade.

Et mon âme aux couleurs mêlée intimement

Se perd dans les douceurs d’un long enchantement.

L’écharpe du couchant s’effile en lambeaux pâles.

Ce soir, ce soir qui meurt, s’imprègne dans nos moelles

Et, d’un coeur malgré moi toujours plus anxieux,

Je le suis maintenant qui sombre dans tes yeux

Comme un beau vaisseau d’or chargé de longs adieux !

Nul souffle sur la rade. Au loin une sirène

Mugit… la nuit descend insensible et sereine,

La nuit… et tout devient, on dirait, éternel :

Les mâts, le lacis fin des vergues sur le ciel,

Les quais noirs encombrés de tonneaux et de grues,

Les grands vapeurs fumant des routes parcourues,

Le bras de la jetée allongé dans la mer,

Les entrepôts obscurs luisants de rails de fer,

Et, bizarre, étageant ses masses indistinctes,

Là-bas, la ville anglaise avec ses maisons peintes.

La nuit tombe… les voix d’enfants se sont éteintes

Et ton coeur comme une urne est rempli jusqu’au bord

Quand brillent çà et là les premiers feux du port.

Évaluations et critiques :

Elégie
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