Chanson violette

Et ce soir-là, je ne sais,

Ma douce, à quoi tu pensais,

Toute triste,

Et voilée en ta pâleur,

Au bord de l’étang couleur

D’améthyste.
Tes yeux ne me voyaient point ;

Ils étaient enfuis loin, loin

De la terre ;

Et je sentais, malgré toi,

Que tu marchais près de moi,

Solitaire.
Le bois était triste aussi,

Et du feuillage obscurci,

Goutte à goutte,

La tristesse de la nuit,

Dans nos coeurs noyés d’ennui,

Tombait toute…
Dans la brume un cor sonna ;

Ton âme alors frissonna,

Et, sans crise,

Ton coeur défaillit, mourant,

Comme un flacon odorant

Qui se brise.
Et, lentement, de tes yeux

De grands pleurs silencieux,

Taciturnes,

Tombèrent comme le flot

Qui tombe, éternel sanglot,

Dans les urnes.
Nous revînmes à pas lents.

Les crapauds chantaient, dolents,

Sous l’eau morte ;

Et j’avais le coeur en deuil

En t’embrassant sur le seuil

De ta porte.
Depuis, je n’ai point cherché

Le secret encor caché

De ta peine…

Il est des soirs de rancoeur

Où la fontaine du coeur

Est si pleine !
Fleur sauvage entre les fleurs,

Va, garde au fond de tes pleurs

Ton mystère ;

Il faut au lis de l’amour

L’eau des yeux pour vivre un jour

Sur la terre.

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Chanson violette
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