Écrit pendant le siège – À l’ambulance

Du couvent troublant le silence,

Arrive, avec son bruit pressé,

Une voiture d’ambulance.

On amène un soldat blessé.
Sur sa capote le sang brille ;

Il boite, éreinté par l’obus.

Son fusil lui sert de béquille

Pour descendre de l’omnibus.
C’est un vieux aux moustaches rudes,

Galonné d’un triple chevron,

Qui hait les cagots et les prudes

Et débute par un juron.
Il a des propos malhonnêtes

Et des regards presque insultants,

Qui font rougir sous leurs cornettes

Les novices de dix-huit ans.
Croyant qu’il dort et qu’elle est seule

Si la sœur prie auprès de lui,

Vite il charge son brûle-gueule

Et siffle un air avec ennui.
Que lui font la veille assidue,

L’intérêt qu’on peut lui porter ?

Il sait que sa jambe est perdue

Et que l’on va le charcuter.
Il est furieux. – Laissez faire ;

On est très-patient ici ;

Puis il y règne une atmosphère

Qui console et qui dompte aussi ;
L’influence est lente, mais sûre,

De ces servantes de leur vœu,

Douces en touchant la blessure

Et douces en parlant de Dieu.
– Aussi, sentant, à sa manière,

Le charme pieux et subtil,

Le grognard, à chaque prière,

Dira bientôt : « Ainsi soit-il ! »
Novembre 1870.

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