La petite qui tousse

Les aiguilles des vents froids

Prennent les nez et les doigts

Pour pelote.

Quel est sur le trottoir blanc

Cet être noir et tremblant

Qui sanglote ?
La pauvre enfant ! Regardez.

La toux, par coups saccadés,

La secoue,

Et la bise qui la mord

Met les roses de la mort

Sur sa joue.
Les violettes sont moins

Violettes que les coins

De sa lèvre,

Que le dessous de ses yeux

Meurtri par les baisers bleus

De la fièvre.
Tousse ! tousse ! Encor ! Tantôt

On croit ouïr le marteau

D’ une forge ;

Tantôt le râle plus clair

Comme un clairon sonne un air

Dans sa gorge.
Tousse ! tousse ! tousse ! Encor !

Oh ! le rauque et dur accord

Qui ricane !

Ce clairon large et profond

Sonne pour ceux qui s’en vont

La diane.
Tousse ! C’est le cri perçant

Du noyé lourd qui descend

Sous l’écume,

Tousse ! C’est lointain, lointain,

Ainsi qu’un glas qui s’éteint

Dans la brume.
Tousse ! tousse ! un dernier coup !

Elle laisse sur son cou

Choir sa tête,

Tel sous la bise un flambeau ;

Et pour la paix du tombeau

Elle est prête.
Elle épousera ce soir,

Sans bouquet, sans encensoir,

Sans musiques,

Plus tôt qu’on n’aurait pensé,

L’hiver, ce vieux fiancé

Des phtisiques.

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La petite qui tousse
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