Épitaphe pour un lièvre

Au temps où les buissons flambent de fleurs vermeilles,

Quand déjà le bout noir de mes longues oreilles

Se voyait par-dessus les seigles encor verts,

Dont je broutais les brins en jouant au travers,

Un jour que, fatigué, je dormais dans mon gîte,

La petits Margot me surprit. Je m’agite,

Je veux fuir. Mais j’étais si faible, si craintif !

Elle me tint dans ses deus bras : je fus captif.

Certe elle m’aimait bien, la gentille maîtresse.

Quelle bonté pour moi, que de soins, de tendresse !

Comme elle me prenait sur ses petits genoux

Et me baisait ! Combien ses baisers m’étaient doux !

Je me rappelle encor la mignonne cachette

Qu’elle m’avait bâtie auprès de sa couchette,

Pleine d’herbes, de fleurs, de soleil, de printemps,

Pour me faire oublier les champs, les libres champs.

Mais quoi ! l’herbe coupée, est-ce donc l’herbe fraîche ?

Mieux vaut l’épine au bois que les fleurs dans la crèche.

Mieux vaut l’indépendance et l’incessant péril

Que l’esclavage avec un éternel avril.

Le vague souvenir de ma première vie

M’obsédant, je sentais je ne sais quelle envie ;

J’étais triste ; et malgré Margot et sa bonté

Je suis mort dans ses bras, faute de liberté.

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Épitaphe pour un lièvre
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