Ô belle Noémie, approche, embrasse-moi

Ô belle Noémie, approche, embrasse-moi,

Et ne m’allègue plus ma sainte ardeur éprise,

Disant que je m’en aille à Théophile exquise

A qui j’offris mes voeux premièrement qu’à toi.
Je me fâche vraiment de ce double renvoi

Qui fraude les loyers de ma brave entreprise :

Le grand Prince use ainsi d’une feinte remise

Pour égarer l’effet de sa douteuse foi.
Je crains que tu ne sois en cette humeur encline :

Sans cesse l’on retient de sa prime origine,

On a beau transplanter le rosier odorant,
Le tailler, le lier pour adoucir ses roses,

Toujours il pique un peu ; aussi fait ton coeur grand,

Bien que ton sang illustre ait des métamorphoses.

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Ô belle Noémie, approche, embrasse-moi
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