Quand verrai-je les îles…

Quand verrai-je les îles où furent des parents ?

Le soir, devant la porte et devant l’océan

on fumait des cigares en habit bleu barbeau.

Une guitare de nègre ronflait, et l’eau

de pluie dormait dans les cuves de la cour.

L’océan était comme des bouquets en tulle

et le soir triste comme l’été et une flûte.

On fumait des cigares noirs et leurs points rouges

s’allumaient comme ces oiseaux aux nids de mousse

dont parlent certains poètes de grand talent.

Ô Père de mon Père, tu étais là, devant

mon âme qui n’était pas née, et sous le vent

les avisos glissaient dans la nuit coloniale.

Quand tu pensais en fumant ton cigare,

et qu’un nègre jouait d’une triste guitare,

mon âme qui n’était pas née existait-elle ?

Était-elle la guitare ou l’aile de l’aviso ?

Était-elle le mouvement d’une tête d’oiseau

caché lors au fond des plantations,

ou le vol d’un insecte lourd dans la maison ?
Choü, mai 1895.

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Quand verrai-je les îles…
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