Puisqu’en cet accident le sort nous désoblige,

Je crois que tout le monde avecque vous s’afflige,

Et ce commun malheur qui trouble l’univers,

Reprocherait un crime aux lois de la nature

Sinon que cette mort a fait naître vos vers

Dont l’aimable douceur efface son injure.
A voir vos sentiments écrits si doucement,

A voir votre douleur peinte si vivement,

Je crois qu’en vain la mort de ce butin se vante,

Car, comme la raison m’apprend à discourir,

Celle que vous plaignez est encore vivante

Puisqu’elle est dans vos vers qui ne sauraient mourir.
Vous mêlez dans ce deuil tant d’agréables charmes

Que c’est être insensé que lui donner des larmes:

Je la crois bien heureuse en si rare tombeau,

Et regarde sa gloire avecque tant d’envie

Que si l’on m’eût dû faire un monument si beau,

Je mourrais de regret de ne l’avoir suivie.
J’ai cru que la tristesse était pleine de maux,

Et perdais, en l’erreur d’un jugement si faux,

La douce rêverie où l’ennui nous amuse;

Mais vous faites le deuil avecque tant d’appas

Que j’aime la rigueur combien que je l’accuse,

Et trouve du plaisir à craindre le trépas.

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A elle même
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