Placet Futile

Princesse ! à jalouser le destin d'une Hébé

Qui poind sur cette tasse au baiser de vos lèvres,

J'use mes feux mais n'ai rang discret que d'abbé

Et ne figurerai même nu sur le Sèvres.
Comme je ne suis pas ton bichon embarbé,

Ni la pastille ni du rouge, ni Jeux mièvres

Et que sur moi je sais ton regard clos tombé,

Blonde dont les coiffeurs divins sont des orfèvres !
Nommez-nous... toi de qui tant de ris framboisés

Se joignent en troupeau d'agneaux apprivoisés

Chez tous broutant les voeux et bêlant aux délires,
Nommez-nous... pour qu'Amour ailé d'un éventail

M'y peigne flûte aux doigts endormant ce bercail,

Princesse, nommez-nous berger de vos sourires.

Extrait de: 
Premiers poèmes (1887)

Stéphane Mallarmé
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Placet Futile
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