Sur les Bois Oublies Quand Passe L’hiver

(Pour votre chère morte, son ami.)
— « Sur les bois oubliés quand passe l'hiver sombre,

Tu te plains, ô captif solitaire du seuil,

Que ce sépulcre à deux qui fera notre orgueil

Hélas ! du manque seul des lourds bouquets s'encombre.
Sans écouter Minuit qui jeta son vain nombre,

Une veille t'exalte à ne pas fermer l'œil

Avant que dans les bras de l'ancien fauteuil

Le suprême tison n'ait éclairé mon Ombre.
Qui veut souvent avoir la Visite ne doit

Par trop de fleurs charger la pierre que mon doigt

Soulève avec l'ennui d'une force défunte.
Âme au si clair foyer tremblante de m'asseoir,

Pour revivre il suffit qu'à tes lèvres j'emprunte

Le souffle de mon nom murmuré tout un soir.
Le 2 novembre 1877.

Extrait de: 
Poésies (1899)

Stéphane Mallarmé
Hiver

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Sur les Bois Oublies Quand Passe L’hiver
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