La fortune des poésies ressemble beaucoup à celle de ces horoscopes dérisoires qu'une sorte de messagers magnifique pose sur les tables des consommateurs aux terrasses des
cafés.
Feuilles roses de l'arbuste « besoin d'argent », ce commerce est de loin le seul honorable.
« Personne d'ailleurs n'est tenu de lire. » A cette épreuve les idiots et les brutes se font vite reconnaître. Qu'ils décachètent, ne décachètent pas,
lisent, ne lisent pas, ou payent sans avoir lu, ils s'imaginent faire l'aumône, alors que, sur le point de reprendre l'air sérieux pour acheter d'un camelot beaucoup mieux noté
par la police les ignobles torchons du Sentier ou d'ailleurs, — des mains paresseuses de ceux-là, de ces magnifiques simulateurs, de ces fugitifs et dédaigneux informateurs aux
bouches closes, sous la forme parfaitement vague et décevante qui leur convient, manifestement ils la reçoivent.
Francis Ponge
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