Parfois
oh si rarement
tu n'en pouvais plus
du tourbillon du quotidien
de l'érosion du travail
visible et invisible
de ce vide qui s'élargit autour de toi
fait de la lâcheté des uns
du désert intérieur des autres
et tes larmes coulaient
indépendamment de ta volonté
mais bien vite
le sourire revenait
soulevait ton poing fermé
avant les adieux
À ces moments
j'étais désemparé
et l'exemple permanent d'espoir
qui me venait à l'esprit
était celui de ces femmes des rizières
portant bien haut aujourd'hui
la voûte du ciel de Hô Chi Minh
Qui dit qu'elles n'ont jamais pleuré
lorsqu'elles transportaient la terre
piquaient le riz
moissonnaient
sous les bombes ?
Mais toujours elles peinaient guettant le ciel
les oiseaux d'acier et de carnage et plus encore le soleil rouge de la victoire certaine
Nous aussi
nous avons comme une guerre à soutenir
Elle est moins dévastatrice
mais peut-être plus subtile
Nous aussi nous guettons notre ciel
ses promesses
Alors tu finissais par convenir
avec moi
que nous serons toujours les plus forts
car
le soleil n'a pas de patrie
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