Abdellatif Laabi

Poète, Écrivain, Traducteur
Nationalité : Maroc
Date/Lieu de naissance :1942 (Âge: 79 ans), Fès, Maroc
Signature
Abdellatif Laâbi est un poète, écrivain et traducteur né à Fès en 1942. Son œuvre est profondément ancrée dans la culture marocaine ; il a fondé la revue Souffles qui a joué un rôle important dans le renouveau culturel du Maghreb. Il a dû vivre l’exil et l’emprisonnement à cause de ses convictions, mais cela ne l’a pas empêché de poursuivre son travail de créateur.

Né en 1942 à Fès, il a quatorze ans à l’indépendance, en 1956. Il écrit déjà. Son premier choc fut la découverte de l’œuvre de Dostoïevski. Il fait ses études à l’université de Rabat, à la section de lettres françaises. En 1963, il participe à la création du Théâtre universitaire marocain. Il est professeur de français à Rabat quand ont lieu les massacres du 23 mars 1965 contre des enfants et leurs parents qui manifestent pacifiquement contre une réforme de l’enseignement jugée injuste.

En 1966, il crée la revue Souffles avec les poètes Mohammed Khaïr-Eddine et Mostafa Nissaboury. Les peintres Mohamed Melehi et Mohammed Chabaa rejoignent aussitôt le groupe. Dès le deuxième numéro, les horizons s’élargissent : questionnement sur la culture, quelle que soit sa forme d’expression, puis, peu à peu, sur les problèmes sociaux et économiques. Cette revue, qui comptera vingt-deux numéros en français et huit en arabe sous le nom d’Anfas, a eu une grande influence sur la formation de l’intelligentsia marocaine de gauche.

A la fin des années 60, il s’engage politiquement, d’abord dans les rangs du PLS (Parti pour la libération et le socialisme), ancien parti communiste marocain, puis à partir de 1970 comme fondateur du mouvement clandestin d’extrême gauche Ila Al Amame.

En janvier 1972, il est arrêté et torturé. En 1973, il est condamné à dix ans de prison. Les preuves du complot dont on l’accuse sont les numéros au complet de Souffles et d’Anfas, et on l’enferme à Kénitra, où il devient le prisonnier numéro 18611.

Au bout de huit ans et demi, en 1980, grâce à une campagne internationale en sa faveur, lui et quelques-uns de ses compagnons de détention sont libérés. Cinq ans plus tard, il quitte le Maroc pour la France et développe une œuvre qui touche tous les genres littéraires (roman, poésie, théâtre, essai, livres pour enfants).

Abdellatif Laâbi et sa femme Jocelyne ont eu trois enfants : Yacine, né en 1965, Hind, née en 1966, Qods, née en 1972.

Le 30 novembre 2007, il a reçu les insignes de Docteur honoris causa de l’Université Rennes 2 Haute Bretagne. En 2008, il reçoit le prix Robert Ganzo de poésie. En 2009, il reçoit le prix Goncourt de la poésie. En 2011, il reçoit le Grand Prix de la Francophonie de l’Académie française. En 2017, il reçoit le prix international de poésie de Mexico « Nuevo Siglo de Oro».

En 2015, il écrit le poème “J’atteste” à la suite des attentats du 10 janvier 2015.

Écrivain de langue française, son écriture est empreinte d’humanisme et toujours soucieuse du combat à mener pour plus de justice et plus de liberté. « La poésie n’est pas prête à rendre les armes. ». Passeur de poésie, il œuvre sans relâche dans ses rencontres comme dans son travail d’écrivain pour un véritable dialogue, un réel partage, afin qu’existe la paix entre les différentes cultures. Son œuvre est traduite en de nombreuses langues. Il a écrit : « La poésie est tout ce qui reste à l’homme pour proclamer sa dignité, ne pas sombrer dans le nombre, pour que son souffle reste à jamais imprimé et attesté dans le cri. »

En octobre 2018, il publie deux volumes comprenant l’intégralité de ses œuvres poétiques.

Son épouse, Jocelyne Laâbi, a publié plusieurs livres, dont La Liqueur d’aloès (2005) et Hérétiques (2013).