J’allais dans le verger…

J’allais dans le verger où les framboises au soleil

chantent sous l’azur à cause des mouches à miel.

C’est d’un âge très jeune que je vous parle.

Près des montagnes je suis né, près des montagnes.

Et je sens bien maintenant que dans mon âme

il y a de la neige, des torrents couleur de givre

et de grands pics cassés où il y a des oiseaux

de proie qui planent dans un air qui rend ivre,

dans un vent qui fouette les neiges et les eaux.
Oui, je sens bien que je suis comme les montagnes.

Ma tristesse a la couleur des gentianes qui y croissent.

Je dus avoir, dans ma famille, des herborisateurs

naïfs, avec des boîtes couleur d’insecte vert,

qui, par les après-midi d’horrible chaleur,

s’enfonçaient dans l’ombre glacée des forêts,

à la recherche d’échantillons précieux

qu’ils n’eussent point échangés pour les vieux

trésors des magiciens des Bagdads merveilleuses

où les jets d’eau ont des fraîcheurs endormeuses.

Mon amour a la tendresse d’un arc-en-ciel

après une pluie d’avril où chante le soleil.

Pourquoi ai-je l’existence que j’ai ?… N’étais-je fait

pour vivre sur les sommets, dans l’éparpillement

de neige des troupeaux, avec un haut bâton,

à l’heure où on est grandi par la paix du jour qui tombe ?
1897.

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J’allais dans le verger…
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