La Mort dans la vie – Chapitre 5

A travers les soupirs, les plaintes et le râle

Poursuivons jusqu’au bout la funèbre spirale

De ses détours maudits.

Notre guide n’est pas Virgile le poëte,

La Béatrix vers nous ne penche pas la tête

Du fond du paradis.
Pour guide nous avons une vierge au teint pâle

Qui jamais ne reçut le baiser d’or du hâle

Des lèvres du soleil.

Sa joue est sans couleur et sa bouche bleuâtre,

Le bouton de sa gorge est blanc comme l’albâtre,

Au lieu d’être vermeil.
Un souffle fait plier sa taille délicate ;

Ses bras, plus transparents que le jaspe ou l’agate,

Pendent languissamment ;

Sa main laisse échapper une fleur qui se fane,

Et, ployée à son dos, son aile diaphane

Reste sans mouvement.
Plus sombres que la nuit, plus fixes que la pierre,

Sous leur sourcil d’ébène et leur longue paupière

Luisent ses deux grands yeux,

Comme l’eau du Léthé qui va muette et noire,

Ses cheveux débordés baignent sa chair d’ivoire

A flots silencieux.
Des feuilles de ciguë avec des violettes

Se mêlent sur son front aux blanches bandelettes,

Chaste et simple ornement ;

Quant au reste, elle est nue, et l’on rit et l’on tremble

En la voyant venir ; car elle a tout ensemble

L’air sinistre et charmant.
Quoiqu’elle ait mis le pied dans tous les lits du monde,

Sous sa blanche couronne elle reste inféconde

Depuis l’éternité.

L’ardent baiser s’éteint sur sa lèvre fatale,

Et personne n’a pu cueillir la rose pâle

De sa virginité.

Évaluations et critiques :

La Mort dans la vie – Chapitre 5
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.singularReviewCountLabel }}
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.pluralReviewCountLabel }}
{{ options.labels.newReviewButton }}
{{ userData.canReview.message }}

Aidez les autres à explorer le monde de la poésie et partagez votre opinion sur ce poème.

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x