Un soir d’hiver, quand de partout,

Les corbeaux s’enfuient en déroute,

Dans un fossé de la grand’route,

Près d’une borne, n’importe où

Pleurant avec le vent qui blesse

Leurs petits corps chétifs et nus,

Pour souffrir des maux trop connus,

Les gueux naissent.
Pour narguer le destin cruel,

Le Dieu d’en haut qui les protège

En haut de leur berceau de neige

Accroche une étoile au ciel

Qui met en eux sa chaleur vive,

Et, comme les oiseaux des champs,

Mangeant le pain des bonnes gens

Les gueux vivent.
Puis vient l’âge où, sous les haillons,

Leur coeur bat et leur sang fermente,

Où dans leur pauvre âme souffrante,

L’amour tinte ses carillons

Et dit son éternel poème ;

Alors blonde fille et gars brun,

Pour endolir leur chagrin

Les gueux s’aiment !
Mais bientôt, et comme toujours,

- Que l’on soit riche ou misérable -

L’amour devient intolérable

Et même un poison à leurs jours,

Et sous tous leurs pas creuse un gouffre :

Alors, quand ils se sont quittés,

Pour les petits qui sont restés

Les gueux souffrent !
Et, quand le temps les a fait vieux,

Courbant le dos, baissant la tête

Sous le vent qui souffle en tempête,

Ils vont dormir un soir pluvieux,

Par les fossés où gît le Rêve,

Dans les gazons aux ors fanés,

Et – comme autrefois ils sont nés -

Les gueux crèvent !…

Évaluations et critiques :

Gueux
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