Je t’aime, loin de toi …

Je t’aime, – loin de toi ma pensée obstinée,

Et, par l’instinct d’amour à l’amour ramenée,

Revient vers toi, voltige alentour de ton cou,

De tes yeux, de tes seins, comme un papillon fou,

Et, grise de tourner dans ton cercle de femme,

Reste des jours entiers sans rentrer dans mon âme…
Je t’aime, et, malgré moi, je m’en vais par les rues

Où flotte un souvenir des choses disparues,

Où je sens, pénétré d’amère volupté,

Qu’encore un peu de toi dans l’air tendre est resté,

Où ton passage embaume encor, où je respire

Je ne sais quoi qui garde encor de ton sourire.
Mon coeur est tout pareil à ces matins voilés

D’automne où le soleil des beaux jours en allés,

Vaporeux à travers le ciel mélancolique,

Épanche une langueur de lumière angélique…
Ainsi mon coeur. Ah ! Si, comme aux soirs de jadis,

Tu plongeais dans mes yeux tes yeux de paradis,

Va, tu n’y trouverais nul grand air ridicule

Mais de l’amour, mais un amour de crépuscule

Pâle et voilé, couché sur un cher souvenir,

Qu’enivre, tristement, la douceur de mourir.

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Je t’aime, loin de toi …
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