La Grand’Place

Les magasins de la Grand’Place

Mirent leur deuil et leur passé,

Et l’or de leur fronton usé,

Dans les égouts qui les enlacent.
Un drapeau pend comme un haillon,

Au pignon rouge de la Banque ;

L’heure est vieillotte : une dent manque

Au râtelier du carillon.
La pluie, à tomber là, s’ennuie,

Tout son de cloche y semble un glas,

Tout mouvement y semble las,

L’heure qui vient vaut l’heure enfuie.
La façade du médecin

Regarde celle du notaire,

Voici le porche autoritaire

Du collège diocésain.
Les ténébreux judas des portes

Se surveillent de loin en loin ;

Le haut clocher semble un témoin

De tant de choses qui sont mortes.
Les murs sont pleins de souvenirs,

Cassés ou mordus par les rouilles

Et l’habitude s’y verrouille

Contre l’assaut des avenirs.
Tout y perdure en son bien-être.

On vit loin de tout bruit vivant,

A regarder passer le vent

Et la poussière à la fenêtre.
Les servantes y font marcher

Le rouet gris des existences,

Et façonnent, par leurs sentences,

Une sagesse à bon marché.
Les échevins sont sûrs et veillent ;

Le crime a ses deux poings liés.

On met l’ordre sous l’oreiller,

Et l’on s’endort sur ses oreilles.

Évaluations et critiques :

La Grand’Place
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.singularReviewCountLabel }}
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.pluralReviewCountLabel }}
{{ options.labels.newReviewButton }}
{{ userData.canReview.message }}

Aidez les autres à explorer le monde de la poésie et partagez votre opinion sur ce poème.

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x