La Couronne

Et je voudrais aussi ma couronne d’épines

Et pour chaque pensée, une, rouge, à travers

Le front, jusqu’au cerveau, jusqu’aux frêles racines

où se tordent les maux et les rêves forgés

En moi, par moi. Je la voudrais comme une rage,

Comme un buisson d’ébène en feu, comme des crins

D’éclairs et de flammes, peignés de vent sauvage;

Et ce seraient mes vains et mystiques désirs,

Ma science d’ennui, mes tendresses battues

De flagellants remords, mes chatoyants vouloirs

De meurtre et de folie et mes haines têtues

Qu’avec ses dards et ses griffes, elle mordrait.

Et, plus intimement encor, mes anciens râles

Vers des ventres, muflés de lourdes toisons d’or,

Et mes vices de doigts et de lèvres claustrales

Et mes derniers tressauts de nerfs et de sanglots

Et, plus au fond, le rut même de ma torture,

Et tout enfin ! Ô couronne de ma douleur

Et de ma joie, ô couronne de dictature

Debout sur mes deux yeux, ma bouche et mon cerveau

O la couronne en rêve à mon front somnambule,

Hallucine-moi donc de ton absurdité ;

Et sacre-moi ton roi souffrant et ridicule.

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La Couronne
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