Le Barde

Imitation de Thomas Moore
Oh ! blame not the Bard…

Ne blâmez point la molle rêverie

Qui m’aide à fuir les pensers glorieux :

Je ne puis rien aux maux de ma patrie ;

Je veux du moins en détourner les yeux.
Festins, où naît l’éclatante saillie,

Apportez-moi vos plaisirs renaissans :

La coupe d’or, l’amour et la folie

Vont désormais inspirer mes accens ;

Et toi, ma harpe, en vantant le sourire,

Le doux caprice, armes de la beauté,

Oublie, hélas ! que tu saurais redire

Ces mots sacrés : Vengeance et Liberté !
Ne blâmez point la molle rêverie

Qui m’aide à fuir les pensers glorieux :

Je ne puis rien aux maux de ma pairie ;

Je veux du moins en détourner les yeux.
Oui, cette corde, âme d’un luth sonore,

Courberait l’arc au signal du danger ;

Elle saurait, sous la main qui l’honore,

Lancer le trait fatal à l’étranger.

Mais contre Érin l’injuste sort conspire.

Le seul flambeau qui nous guide aux honneurs,

A ce bûcher où la patrie expire,

Doit emprunter ses funèbres lueurs.
Ne blâmez point la molle rêverie

Qui m’aide à fuir les pensers glorieux :

Je ne puis rien aux maux de ma patrie ;

Je veux du moins en détourner les yeux.
Ah ! qu’un rayon, qu’un éclair d’espérance,

Perce la nuit qui voile mon pays !

Qu’un seul guerrier ose saisir la lance,

Qu’un seul instant à mes vœux soit promis !

Entre mes mains la coupe déjà prête

Verra ses flots à mes pieds répandus ;

Du myrte oisif, arraché de ma tête,

Je couvrirai le fer d’Harmodius.
Ne blâmez point la molle rêverie

Qui m’aide à fuir les pensers glorieux

Je ne puis rien aux maux de ma patrie ;

Je veux du moins en détourner les yeux.
Trompeur délire ! espérance insensée !

Erin, Erin, antique amour des mers,

Tu n’as gardé de ta gloire passée

Qu’un souvenir qui vivra dans mes vers.

Mes chants, portés sur les vagues lointaines,

A l’univers rediront tes malheurs ;

Et nos tyrans, même en rivant tes chaînes,

S’étonneront de répandre des pleurs.
Ne blâmez point la molle rêverie

Qui m’aide à fuir les pensers glorieux :

Je ne puis rien aux maux de ma patrie ;

Je veux du moins en détourner les yeux.

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Le Barde
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