A la princesse Roukhine

C’est une laide de Boucher

Sans poudre dans sa chevelure

Follement blonde et d’une allure

Vénuste à tous nous débaucher.
Mais je la crois mienne entre tous,

Cette crinière tant baisée,

Cette cascatelle embrasée

Qui m’allume par tous les bouts.
Elle est à moi bien plus encor

Comme une flamboyante enceinte

Aux entours de la porte sainte,

L’alme, la dive toison d’or !
Et qui pourrait dire ce corps

Sinon moi, son chantre et son prêtre,

Et son esclave humble et son maître

Qui s’en damnerait sans remords,
Son cher corps rare, harmonieux,

Suave, blanc comme une rose

Blanche, blanc de lait pur, et rose

Comme un lys sous de pourpres cieux ?
Cuisses belles, seins redressants,

Le dos, les reins, le ventre, fête

Pour les yeux et les mains en quête

Et pour la bouche et tous les sens ?
Mignonne, allons voir si ton lit

A toujours sous le rideau rouge

L’oreiller sorcier qui tant bouge

Et les draps fous. Ô vers ton lit !

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A la princesse Roukhine
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