L’Oiseau captif

Car quand il pleut et le soleil des cieux

Ne reluit point, tout homme est soucieux.
CLÉMENT MAROT.
………Yet shall reascend

Self raised, and repossess its native seat.
LORD BYRON.
Depuis de si longs jours prisonnier, tu t’ennuies,

Pauvre oiseau, de ne voir qu’intarissables pluies

De filets gris rayant un ciel noir et brumeux,

Que toits aigus baignés de nuages fumeux.

Aux gémissements sourds du vent d’hiver qui passe

Promenant la tourmente au milieu de l’espace,

Tu n’oses plus chanter ; mais vienne le printemps

Avec son soleil d’or aux rayons éclatants,

Qui d’un regard bleuit l’émail du ciel limpide,

Ramène d’outre-mer l’hirondelle rapide

Et jette sur les bois son manteau velouté,

Alors tu reprendras ta voix et ta gaîté ;

Et si, toujours constant à ta douleur austère,

Tu regrettais encor la forêt solitaire,

L’orme du grand chemin, le rocher, le buisson,

La campagne que dore une jaune moisson,

La rivière, le lac aux ondes transparentes,

Que plissent en passant les brises odorantes,
Je t’abandonnerais à ton joyeux essor.

Tous les deux cependant nous avons même sort,

Mon âme est comme toi : de sa cage mortelle

Elle s’ennuie, hélas ! et souffre, et bat de l’aile ;

Elle voudrait planer dans l’océan du ciel,

Ange elle-même, suivre un ange Ithuriel,

S’enivrer d’infini, d’amour et de lumière,

Et remonter enfin à la cause première.

Mais, grand Dieu ! quelle main ouvrira sa prison,

Quelle main à son vol livrera l’horizon ?

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L’Oiseau captif
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