Son souvenir emplit l’air…

Son souvenir emplit l’air si clair que j’ai cru

que l’ombre d’un oiseau me tombait sur la tête.

Le tulipier d’un parc est d’un vert noir et cru.

Une beauté sans nom emplit l’azur, du faîte

des pignons enfumés au plus loin horizon.

Dans la salon où elle vint, dans le salon

où il y avait des lilas sombres comme la nuit,

il y a maintenant des roses dans un verre

et un bouton de magnolia que ma mère

a posé sur le piano creux et verni.

Cette fleur ne s’est pas encore épanouie,

mais elle s’est gonflée comme pour éclater,

et se soulève hors du vase, et l’on dirait

qu’elle va s’envoler au milieu de l’Eté.

Je ferme ma croisée pour mieux enfermer l’ombre.

Je songe. J’ai souffert. Je ne sais plus. Je songe.

La pompe grince et mon chien dort sur le parquet.

Quand donc viendra le jour où, poussant le loquet

de la porte d’entrée qui rêve sous le cèdre,

sa main fera jaillir sur les dalles usées

tout ce que sa présence amène de lumière ?

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Son souvenir emplit l’air…
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