Il a bientôt deux ans. Parfois, quand je le gronde,
Il baisse ses grands yeux qu’une larme a ternis ;
Et puis, avec des airs de douceur infinis,
Il relève vers moi sa belle tête blonde.
Et tout à coup, ― l’enfance a ces retours bénis, ―
D’un sourire joyeux sa figure s’inonde ;
Il jase en éclatant de rire, et sa faconde
Semble un gazouillement d’oiseaux au bord des nids.
Alors au fond de moi quelque chose remue ;
De tendresses sans nom ma pauvre âme est émue ;
Sous mes cils à mon tour je sens des pleurs jaillir…
Merci, mon Dieu, merci ! vous dont la pitié sainte
A mêlé ce rayon de miel à notre absinthe :
L’enfant aimé pour nous consoler de vieillir !
(1878)
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