Si tu meurs en jeunesse, autant as tu gousté…

Si tu meurs en jeunesse, autant as tu gousté

D’amour, et de douceur durant ce peu d’espace,

Que si de deus cens ans tu par-faisois la trace,

Nul plaisir est nouveau sous le ciel revouté :
Pour boire plusieurs fois le ventre degousté

N’en est de rien plus soul, la corruptible masse

De ce cors que tu traine, est semblable à la tasse

Qui ne retient pas l’eau que l’on luy a jetté.
Partant soit tost ou tard que le trait de la Parque

Du nombre des vivans au tombeau te demarque,

N’abandonne à regret le monde despourveu :
Tu vois tout en un an et ce que l’influence

Des saisons, et des tems plusieurs siecles avance,

N’est rien que le retour de ce que tu as veu.

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Si tu meurs en jeunesse, autant as tu gousté…
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