Un crêpe au bras

L’an dernier, je les vis encor

Le petit frère aimable et rose

Dans sa tunique à boutons d’or

Avec sa soeur que la chlorose
Emportait – oh ! bien doucement -

Vers la tombe muette et blanche.

Je les vis en me promenant

Sur le boulevard, le dimanche
Suivis de leur père, un monsieur

A barbiche, un vieux militaire,

Qui portait la légion d’honneur

En ruban à la boutonnière.
Ils s’en allaient à petits pas

Tous les deux, dans l’allée ombreuse,

La fillette appuyant son bras

Maigriot et sa main fièvreuse
Sur le bras droit du garçonnet

Qui, tirant deux sous de sa poche,

Allait lui chercher un bouquet

A la marchande la plus proche.
Et le père aux cheveux tout gris

Fumait tristement son cigare

Sous les grands marronniers fleuris

Écoutant le concert bizarre
Des petits pierrots batailleurs

Quand la petite était trop lasse

Vite, il prenait un des meilleurs

Bancs pour elle, sur la grand’place
Et pas trop tard, avant la nuit,

Tous regagnaient leur domicile

Sans étalage, ni sans bruit,

Au travers du bruit de la ville.
Maintenant on peut les revoir

Ils sont deux. Dans la tombe blanche

La soeur dort. Un long crêpe noir

Un crêpe est cousu sur la manche
De la tunique à boutons d’or

Du petit frère aimable et rose

Et le père est plus triste encor

Dans sa redingote morose.

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Un crêpe au bras
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