Chanson de Messidor

Dame ! vois-tu les grands blés d’or

Sous les couchants de Messidor

Saillir longs et droits de la glèbe.

Ils ne sont pas encor si longs

Que les flots de tes cheveux blonds

Où je cache mon front d’éphèbe.
Dame ! écoute la voix du vent

Dont l’aile caresse en rêvant

Une par une chaque tige.

Elle est moins vibrante d’émoi

Que ta chanson qui fait en moi

Courir des frissons de vertige.
Dame ! regarde voltiger

Les abeilles en l’air léger

Et se reposer sur les roses.

Leur miel plein d’arôme est moins doux

Que le baiser pris à genoux

Sur tes lèvres fraîches écloses.
Dame ! en ton geste noble et lent

Cueille un coquelicot sanglant

Pour l’épingler sur ta poitrine.

Il est moins rouge que mon coeur

Quand ton rictus aigre et moqueur

Le met en doute ou le chagrine…

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Chanson de Messidor
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