Esprits de plume et d’air, démons de l’inconstance,
Qui ne trouvez jamais chez moi de résistance,
Que je vous dois de voeux pour m’avoir fait savoir
Que Philis, comme moi, cède à votre pouvoir !
Nous vivons désormais francs de toute querelle,
Chacun de nous suivra son humeur naturelle,
Sans rendre nos désirs ni forcés, ni sujets ;
Nous les attacherons à tous les beaux objets,
Et ce change d’amour n’a rien qui soit blâmable,
Quiconque a la beauté ne peut être qu’aimable ;
Celui qui la possède a le droit d’aspirer
Aussi bien comme un autre à se faire adorer.
Cette diversité, qui sous ses lois me range,
A proprement parler ne se peut dire change ;
Car suivant son caprice et sa légèreté,
Le but de mon amour est toujours la beauté.
Arrière cette humeur qui s’obstine, importune,
À vaincre et surmonter la mauvaise fortune,
Qui, flattant ses défauts sous l’appas d’un doux mot,
Fait appeler constant ce qu’on doit nommer sot !
Bien loin ces sentiments de douleur et de crainte,
Qui vous gênent une âme, et la tiennent contrainte !
Je ne veux concevoir ni pensers, ni désirs,
Qui dans le même instant n’enfantent des plaisirs ;
Si je trouve l’Amour, et si je le conserve,
Je trouve raisonnable et juste qu’il me serve ;
Mais quand à mes dépens il voudra triompher,
C’est un enfant mal né, que je dois étouffer.
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