Le Paysage

J’avais rêvé d’aimer. J’aime encor mais l’amour

Ce n’est plus ce bouquet de lilas et de roses

Chargeant de leurs parfums la forêt où repose

Une flamme à l’issue de sentiers sans détour.
J’avais rêvé d’aimer. J’aime encor mais l’amour

Ce n’est plus cet orage où l’éclair superpose

Ses bûchers aux châteaux, déroute, décompose,

Illumine en fuyant l’adieu au carrefour.
C’est le silex en feu sous mon pas dans la nuit,

Le mot qu’aucun lexique au monde n’a traduit

L’écume sur la mer, dans le ciel ce nuage.
À vieillir tout devient rigide et lumineux,

Des boulevards sans noms et des cordes sans nœuds.

Je me sens me roidir avec le paysage.

1944

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Le Paysage
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