Les nuages

Couché sur le dos, dans le vert gazon,

Je me baigne d’ombre et de quiétude.

Mes yeux ont enfin perdu l’habitude

Du spectacle humain qui clôt la prison

Du vieil horizon.
Là-bas, sur mon front passent les nuages.

Qu’ils sont beaux, mon âme ! et qu’ils sont légers,

Ces lointains amis des calmes bergers !

S’en vont-ils portant de divins messages,

Ces blancs messagers ?
Comme ils glissent vite ! – Et je pense aux femmes

Dont la vague image en nous flotte et fuit.

Le vent amoureux qui de près les suit

Disperse ou confond leurs fluides trames ;

On dirait des âmes !
Rassemblant l’essor des désirs épars,

Ivre du céleste et dernier voyage,

À quelque âme errante unie au passage,

Mon âme ! là-haut, tu me fuis, tu pars

Comme un blanc nuage !

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Les nuages
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