Pensée d’automne

Les morts ont peur de l’automne

Qui, chassant l’été vermeil,

Fait autour de leur sommeil

Souffler son vent monotone.
Les feuilles dont le velours

Rouillé par la canicule,

Sur leur gazon s’accumule

Leur font leurs linceuls plus lourds.
Dans le brouillard où leurs tombes

Semblent déjà s’effacer,

Ils n’entendent plus passer

Le vol ami des colombes
La neige est déjà dans l’air

Guettant leurs noms sur la pierre,

Qui va, comme une paupière,

Leur voiler l’œil du ciel clair.
Au loin hurlent dans la rue

Nos soucis et nos bonheurs

De l’oubli des promeneurs

Leur solitude est accrue.
Mieux que nous les trépassés

Aiment le printemps qui pose

Le cœur mouillé d’une rose

A leurs chevets délaissés.
1er novembre 1881.

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Pensée d’automne
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