Le Serpent et la Lime

On conte qu'un serpent, voisin d'un horloger

(C'était pour l'horloger un mauvais voisinage),

Entra dans sa boutique, et, cherchant à manger,

N'y rencontra pour tout potage

Qu'une lime d'acier, qu'il se mit à ronger.

Cette lime lui dit, sans se mettre en colère :

« Pauvre ignorant ! et que prétends-tu faire ?

Tu te prends à plus dur que toi.

Petit serpent à tête folle,

Plutôt que d'emporter de moi

Seulement le quart d'une obole,

Tu te romprais toutes les dents.

Je ne crains que celles du temps. »
Ceci s'adresse à vous, esprits du dernier ordre,

Qui, n'étant bons à rien, cherchez sur tout à mordre.

Vous vous tourmentez vainement.

Croyez-vous que vos dents impriment leurs outrages

Sur tant de beaux ouvrages ?

Ils sont pour vous d'airain, d'acier, de diamant.

Extrait de: 
Fables livre V (1668)

Jean de La Fontaine

Évaluations et critiques :

Le Serpent et la Lime
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.singularReviewCountLabel }}
{{ reviewsTotal }}{{ options.labels.pluralReviewCountLabel }}
{{ options.labels.newReviewButton }}
{{ userData.canReview.message }}

Votre opinion compte! Partagez-la et dites-nous ce que vous pensez de ce poème.

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x