À ma mère.
Ma mère, pour ses jours de deuil et de souci,
Garde, dans un tiroir secret de sa commode,
Un petit coffre en fer rouillé de vieille mode,
Et ne me l’a fait voir que deux fois jusqu’ici.
Comme un cercueil, la boîte est funèbre et massive
Et contient les cheveux de ses parents défunts,
Dans les sachets jaunis aux pénétrants parfums,
Qu’elle vient quelquefois baiser, le soir, pensive !
Quand sont mortes mes sœurs blondes, on l’a rouvert
Pour y mettre des pleurs ? et deux boucles frisées !
Hélas ! nous ne gardions d’elles, chaînes brisées,
Que ces deux anneaux d’or dans ce coffret de fer.
Et toi, puisque ton front vers le tombeau se penche,
Ô mère, quand viendra l’inévitable jour
Où j’irai dans la boîte enfermer à mon tour
Un peu de tes cheveux… que la mèche soit blanche !…
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