Pour tous ― elle excepté ― ma vie a son mystère :
Un amour éternel depuis longtemps conçu.
Mon cœur en débordait ; pourtant j’ai dû le taire :
Nul profane ici-bas n’en a jamais rien su.
À distance je vis, discret, inaperçu ;
On me croit en ce monde un passant solitaire ;
Mais j’eus plus que ma part de bonheur sur la terre
Nul ne saura jamais tout ce que j’ai reçu.
Jamais femme ne fut plus qu’elle douce et tendre ;
Je la suis en silence, et sans paraître entendre
Les murmures flatteurs soulevés sur ses pas.
Et, tandis que, dans l’ombre, à mon secret fidèle,
Je trace en mon émoi ces vers tout remplis d’elle.
Plusieurs s’étonneront, et ne comprendront pas.
(1888)
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