Beauté Cruelle

Certes, il ne faut avoir qu’un amour en ce monde,

Un amour, rien qu’un seul, tout fantasque soit-il ;

Et moi qui le recherche ainsi, noble et subtil,

Voilà qu’il m’est à l’âme une entaille profonde.
Elle est hautaine et belle, et moi timide et laid :

Je ne puis l’approcher qu’en des vapeurs de rêve.

Malheureux ! Plus je vais, et plus elle s’élève

Et dédaigne mon cœur pour en œil qui lui plaît.
Voyez comme, pourtant, notre sort est étrange !

Si nous eussions tous deux fait de figure échange,

Comme elle m’eût aimé d’un amour sans pareil !
Et je l’eusse suivie, en vrai fou de Tolède,

Aux pays de la brume, aux landes du soleil,

Si le Ciel m’eût fait beau, et qu’il l’eût faite laide !

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Beauté Cruelle
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