Nuit blanche

Cette nuit, tu prendras soin que dans chaque vase

Frissonne, humide encore, une gerbe de fleurs.

Nul flambeau dans la chambre – où tes chères pâleurs

Se noieront comme un rêve en des vapeurs de gaze.
Pour respirer tous nos bonheurs avec emphase,

Sur le piano triste, où trembleront des pleurs,

Tes mains feront chanter d’angéliques douleurs

Et je t’écouterai, silencieux d’extase.
Tels nous nous aimerons, sévères et muets.

Seul, un baiser parfois sur tes ongles fluets

Sera la goutte d’eau qui déborde des urnes,
O Soeur ! et dans le ciel de notre pureté

Le virginal Désir des amours taciturnes

Montera lentement comme un astre argenté.

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Nuit blanche
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