L’oiseau que j’attends

Les beaux soleils morts vont renaître,

Et voici déjà mille oiseaux

Pendant leur nid à la fenêtre,

Peuplant les bois, rasant les eaux.

Tous les matins un doux bruit d’ailes

Me réveille, et j’espère… hélas !

À mes carreaux, noirs d’hirondelles,

L’oiseau que j’attends ne vient pas.
L’ambition me fut connue,

Quand je vis l’aigle au large vol,

Un jour, contempler de la nue

Les insectes poudreux du sol ;

Je vois à la tempête noire

L’aigle encor livrer des combats ;

Je le vois sans rêver la gloire :

L’oiseau que j’attends ne vient pas.
Voici le rossignol, qui cueille

Un brin d’herbe pour se nourrir,

Puis se cache au bois sous la feuille

Pour chanter un jour, et mourir :

Il chante l’amour… Ironie !

Oiseau moqueur, chante plus bas ;

Et qu’ai-je besoin d’harmonie ?

L’oiseau que j’attends ne vient pas.
Plus loin, le martinet des grèves,

Sur un beau lac d’azur et d’or,

Comme un poëte sur ses rêves,

Se berce, voltige et s’endort.

Dors et vole à ta fantaisie,

Heureux frère ; devant mes pas,

Moi, j’ai vu fuir la poésie :

L’oiseau que j’attends ne vient pas.
Arrive enfin, je t’en supplie,

Noir messager dont Dieu se sert ;

Corbeau qui, sur les pas d’Élie,

Émiettais du pain au désert.

Portant la part que Dieu m’a faite,

Arrive, il est temps… ; mais, hélas !

Mort sans doute avec le prophète,

L’oiseau que j’attends ne vient pas.

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L’oiseau que j’attends
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