Comme une femme, hélas ! vous change !

Ainsi, moi… je fume toujours,

Je ris, je dors, je bois, et mange,

Mais tu m’as rendu bien étrange,

Et de tous les fils, le plus lourd.
Un fils qui foule au pied sa mère,

Ce que le dernier des troupiers

Au pas accéléré peut faire,

Qui s’oublie, ô folie amère,

Jusqu’à l’écraser sous ses pieds !
Eh ! oui, je foule aux pieds la Terre

Qu’à deux genoux a su baiser

Un Romain plein d’amour sévère,

Brutus, que j’appelle mon frère,

J’ai pu quelquefois l’écraser.
Écraser qui ? la Terre où l’homme ?

Les deux, n’en soyons pas surpris :

Le Temps est le grand agronome ;

Il peut aux poussières de Rome

Mêler les cendres de Paris.
Oui, la Terre en travail et soûle,

Notre Mère à tous, n’est-ce pas ?

Mère des fous et de la foule,

Et dont on mange, je la foule

Amoureusement sous mes pas.
Car cette Mère elle ne gronde

Jamais ses fils, et nous avons

Son sang qui circule à la ronde,

Le vin rose et la bière blonde

Dans les verres où nous buvons.
Quant à la vraie ou bien la fausse,

Nous dirons comme nous voudrons,

Elle est morte, elle est dans sa fosse,

Je n’en pleure ni ne m’en gausse

Dans la fosse où nous pourrirons.
C’était une enfant de Pourrières,

Village battu des grands vents,

Où toutes peuvent passer, fières,

De leurs magnifiques derrières

Aussi crânes que leurs devants.
Elle m’adorait pas des flottes !

C’est loin comme les fonds usés,

Les premiers fonds de mes culottes.

Elle m’a foutu deux… calottes

Elle qui comptait les baisers.
Et pourquoi ? Tenez, je m’essuie

Encore, en vous le racontant

(Je cesserai si ça t’ennuie),

C’est parce qu’un beau jour de pluie

J’étais revenu « tout coulant ».
Encor si c’était la férule !

Mais la main sur la joue, ah ! non !

Bon pour un homme, s’il recule.

L’autre au moins, c’est chaud, ça vous brûle

Pas bien loin du… petit couillon.
Elle s’appelait Augustine

Silvy, beau nom, grand et gaillard,

D’une source, on dirait, latine ;

Elle est morte de la poitrine

Malgré tous les secours de l’art.
Elle était charmante et divine,

Comme l’aveugle et le vieillard.

Je sais que sa jambe était fine,

Je trouve un jour ses bas, ma fine,

Je les mis… pour l’amour de l’art.
Elle me lisait quoi ? devine

Les vers du Petit Savoyard !

Autant mourir de la poitrine.

C’est dans ces vers que se dessine

Ma mère (oh ! c’est rempli d’art)
Qui dit, nom de Dieu de mâtine !

Va-t’en à son enfant qui part !

Autant mourir de la poitrine !

Ce qu’elle fit. J’usai sa mine

De bas noirs, pour l’amour de l’art.
Elle n’avait, ma Valentine,

Pas le quart de ton cœur… le quart !

Le cinquième, dans sa poitrine !

Si je mis ses bas, imagine

Que ce fut pour l’amour de l’art.
Tiens ! qu’entends-je ? mais, là, sans rire…

« Excusez-vous » ce n’est pas Toi,

N’est-il pas vrai, qui l’a pu dire ?

Serait-ce… son ton… plein d’empire ?

Eh ! bien : Madame… excusez-moi.

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