Bâtard de Créole et Breton,

Il vint aussi là – fourmilière,

Bazar où rien n’est en pierre,

Où le soleil manque de ton.
– Courage ! On fait queue…. Un planton

Vous pousse à la chaîne – derrière ! –

… Incendie éteint, sans lumière ;

Des seaux passent, vides ou non. –
Là, sa pauvre Muse pucelle

Fit le trottoir en demoiselle,

Ils disaient : Qu’est-ce qu’elle vend ?
– Rien. – Elle restait là, stupide,

N’entendant pas sonner le vide

Et regardant passer le vent…
Là : vivre à coups de fouet ! – passer

En fiacre, en correctionnelle ;

Repasser à la ritournelle,

Se dépasser, et trépasser !…
– Non, petit, il faut commencer

Par être grand – simple ficelle –

Pauvre : remuer l’or à la pelle ;

Obscur : un nom à tout casser !…
Le coller chez les mastroquets,

Et l’apprendre à des perroquets

Qui le chantent ou qui le sifflent…
– Musique ! – C’est le paradis

Des mahomets et des houris,

Des dieux souteneurs qui se giflent !
« Je voudrais que la rose, – Dondaine !

Fût encore au rosier, – Dondé ! »
Poète. – Après ?… Il faut la chose :

Le Parnasse en escalier,

Les Dégoûteux, et la Chlorose,

Les Bedeaux, les Fous à lier….
L’Incompris couche avec sa pose,

Sous le zinc d’un mancenillier ;

Le Naïf « voudrait que la rose,

Dondé ! fût encore au rosier ! »
« La rose au rosier, Dondaine ! »

– On a le pied fait à sa chaîne.

« La rose au rosier »… – Trop tard ! –
… « La rose au rosier »… – Nature !

– On est essayeur, pédicure,

Ou quelqu’autre chose dans l’art !
J’aimais… – Oh, ça n’est plus de vente !

Même il faut payer : dans le tas,

Pioche la femme ! – Mon amante

M’avait dit : « Je n’oublierai pas… »
… J’avais une amante là-bas

Et son ombre pâle me hante

Parmi des senteurs de lilas…

Peut-être Elle pleure… – Eh bien : chante,
Pour toi tout seul, ta nostalgie,

Tes nuits blanches sans bougie…

Tristes vers, tristes au matin !…
Mais ici : fouette-toi d’orgie !

Charge ta paupière rougie,

Et sors ton grand air de catin !
C’est la bohème, enfant : Renie

Ta lande et ton clocher à jour,

Les mornes de ta colonie

Et les bamboulas au tambour.
Chanson usée et bien finie,

Ta jeunesse… Eh, c’est bon un jour !…

Tiens : – C’est toujours neuf – calomnie

Tes pauvres amours… et l’amour.
Évohé ! ta coupe est remplie !

Jette le vin, garde la lie…

Comme ça. – Nul n’a vu le tour.
Et qu’un jour le monsieur candide

De toi dise – Infect ! Ah splendide ! –

… Ou ne dise rien. – C’est plus court.
Évohé ! fouaille la veine ;

Évohé ! misère : Éblouir !

En fille de joie, à la peine

Tombe, avec ce mot-là. – Jouir !
Rôde en la coulisse malsaine

Où vont les fruits mal secs moisir,

Moisir pour un quart-d’heure en scène…

– Voir les planches, et puis mourir !
Va : tréteaux, lupanars, églises,

Cour des miracles, cour d’assises :

– Quarts-d’heure d’immortalité !
Tu parais ! c’est l’apothéose !!!…

Et l’on te jette quelque chose :

– Fleur en papier, ou saleté. –
Donc, la tramontane est montée :

Tu croiras que c’est arrivé !

Cinq-cent-millième Prométhée,

Au roc de carton peint rivé.
Hélas : quel bon oiseau de proie,

Quel vautour, quel Monsieur Vautour

Viendra mordre à ton petit foie

Gras, truffé ?… pour quoi – Pour le four !…
Four banal !… – Adieu la curée ! –

Ravalant ta rate rentrée,

Va, comme le pélican blanc,
En écorchant le chant du cygne,

Bec-jaune, te percer le flanc !…

Devant un pêcheur à la ligne.
Tu ris. – Bien ! – Fais de l’amertume.

Prends le pli, Méphisto blagueur.

De l’absinthe ! et ta lèvre écume…

Dis que cela vient de ton cœur.
Fais de toi ton œuvre posthume.

Châtre l’amour… l’amour – longueur !

Ton poumon cicatrisé hume

Des miasmes de gloire, ô vainqueur !
Assez, n’est-ce pas ? va-t’en !

Laisse

Ta bourse – dernière maîtresse –

Ton revolver – dernier ami…
Drôle de pistolet fini !

… Ou reste, et bois ton fond de vie,

Sur une nappe desservie…

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