Je hélais un cocher de fiacre

Moi, paria,

Mais lui, sans nul vain simulacre,

M’injuria.
Pâle, évoquant la catastrophe

Et les tourments,

Il écumait comme une strophe

Des Châtiments.
Il criait: Tonnerre et massacre!

Zut! Holà là!

Monsieur veut monter dans mon fiacre!

Est-il Zola?
Est-il Rothschild? Est-il en nacre?

Oh! ces rimeurs!

Il prétend monter dans mon fiacre,

Tenez, j’en meurs.
Tel, ce cocher plein de chimères,

En son émoi,

Épanchait en notes amères

Sa bile. Et moi,
Las, rêvant d’être solitaire

Sur un divan,

Prêt à m’enfoncer dans la terre

Comme don Juan,
J’admirais dans les rayons fauves

Les vains rébus

Que mimaient les conducteurs chauves

Des omnibus.
Mais dans la foule sacrilège

Passait par là

Un cheval blanc comme la neige,

Qui me parla.
Et c’était le divin Pégase,

Agile et sûr.

Il ouvrait ses ailes de gaze

Jusqu’à l’azur.
Oh! dit-il, toi qui tiens Golconde

En tes écrins,

Dédaigne leur vaine faconde.

Saisis mes crins!
Viens, monte! et sous le bénévole

Ciel estival,

Je leur montrerai comme on vole,

Moi, ton cheval.
Je suis fidèle comme Thècle

En mes amours.

Tu peux me prendre à l’heure, au siècle,

Même, à toujours.
Nous pourrons errer, groupe blême

Aux yeux ardents,

Tout autour de la Tour, et même

Grimper dedans.
Et de là, par des élans brusques

Et factieux,

Bondir effroyablement jusques

Au fond des cieux.
Et tirer, au fond des sublimes

Gouffres vermeils,

Un feu d’artifice de rimes

Pour les soleils!
28 mai 1889.

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Mon Cheval
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