Le vieil homme

Moi qui n’ai jamais pu me faire à mon visage

Que m’importe traîner dans la clarté des cieux

Les coutures les traits et les taches de l’âge
Mais lire les journaux demande d’autres yeux

Comment courir avec ce cœur qui bat trop vite

Que s’est-il donc passé La vie et je suis vieux
Tout pèse L’ombre augmente aux gestes qu’elle imite

Le monde extérieur se fait plus exigeant

Chaque jour autrement je connais mes limites
Je me sens étranger toujours parmi les gens

J’entends mal je perds intérêt à tant de choses

Le jour n’a plus pour moi ses doux effets changeants
Le printemps qui revient est sans métamorphoses

Il ne m’apporte plus la lourdeur des lilas

Je crois me souvenir lorsque je sens les roses
Je ne tiens plus jamais jamais entre mes bras

La mer qui se ruait et me roulait d’écume

Jusqu’à ce qu’à la fin tous les deux fussions las
Voici déjà beau temps que je n’ai plus coutume

De défier la neige et gravir les sommets

Dans l’éblouissement du soleil et des brumes
Même comme autrefois je ne puis plus jamais

Partir dans les chemins devant moi pour des heures

Sans calculer ce que revenir me permet
Revenir
Ces pas-ci vont vers d’autres demeures

Je ne reprendrai pas les sentiers parcourus

Dieu merci le repos de l’homme c’est qu’il meure
Et le sillon jamais ne revoit la charrue

On se fait lentement à cette paix profonde

Elle avance vers nous comme l’eau d’une crue
Elle monte elle monte en vous elle féconde

Chaque minute. Elle fait à tout ce lointain

Amer et merveilleux comme la fin du monde
Et de la sentir proche et plus frais qu’au matin

Avant l’épanouissement de la lumière

Le parfum de l’étoile en dernier qui s’éteint
Quand ce qui fut malheur ou bonheur ce nomme hier

Pourtant l’étoile brille encore et le cœur bat

Pourtant quand je croyais cette fièvre première
Apaisée à la fin comme un vent qui tomba

Quand je croyais le trouble aboli le vertige

Oublié l’air ancien balbutié trop bas
Que l’écho le répète au loin

Voyons que dis-je

Déjà je perds le fil ténu de ma pensée

Insensible déjà seul et sourd aux prodiges
Quand je croyais le seuil de l’ombre outrepassé

Le frisson d’autrefois revient dans mon absence

Et comme d’une main mon front est caressé
Le jour au plus profond de moi reprend naissance

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Le vieil homme
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