O mon cœur ! ce sera…

O mon cœur ! ce sera dans l’Août bleu et torride.

Lasse, vous poserez sur le coffret de buis

vos ciseaux où s’accrochera de la lumière.

Vous laisserez aller votre taille en arrière.

Vous fermerez vos cils sur vos yeux de lavande

dont l’Eté semblera parfumer votre chambre.

Il sera je ne sais quelle heure après-midi :

l’heure où la guêpe en feu va boire dans le puits.

J’arriverai, par le grand soleil ébloui.

Je vous verrai ainsi, ô ruche pleine d’aube,

moulée par le sommeil dans votre chaste robe.

Et je m’approcherai tout doucement de vous,

et, sans vous déranger, mettrai sur vos genoux

des fraises et du pain et du sucre d’abeille.

Bientôt, vous éveillant de ce demi-sommeil,

vos lèvres écloront sur ces fruits et ce miel

comme une rose tendre et toute caressée,

ou comme un abricot plein d’encens qui s’entrouvre.

O ménagère amie, framboise des forêts,

chaperon rouge errant qui se nourrit de baies,

ô vous qui par moments à mes yeux évoquez

la gravure où Perrette a renversé son lait :

vous ne me direz pas combien vous accablait

cette sieste où l’Eté fait peser son délire.

Vous vous relèverez. Vous me regarderez.

Et, pleine d’un sanglot, alors vous sentirez

sourire dans mon cœur votre propre sourire.

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O mon cœur ! ce sera…
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