Vous avez menti, ma mémoire,

Je n’en fus jamais possesseur,

Jamais Philis ne m’a fait boire

Ce que l’amour a de douceur.
Ma Philis, vous ai-je baisée ?

Ne m’en faites point souvenir,

Car je commande à ma pensée

De ne m’en pas entretenir.
Ô solitude ma fidèle,

Si je vous ai parlé jamais

Que je suis le coeur de ma belle,

Dites-le, je vous le permets.
Philis, demandez aux campagnes,

Aux humbles vallons, aux côteaux,

A ces orgueilleuses montagnes,

A ces forêts, à ces ruisseaux.
Ce sont là tous mes secrétaires :

Mais je peux vraiment vous jurer,

Qu’ils ne savent pas les affaires

Que je veux moi-même ignorer.
Et toutefois je viens d’apprendre

Que vous m’appelez indiscret,

Et que vous dites que Silvandre

Ignore les lois du secret.
Nous n’avons eu pour témoignage

De nos saints et chastes amours,

Que les buissons de ces bocages

Où les eaux amusent leurs cours.
Si nos amours sont décelées,

Ces eaux l’ont dit à leurs poissons,

Ou quelque oiseau de ces vallées

L’a peut-être appris des buissons.
Cette eau ne peut souffrir l’injure

Qu’on lui fait à cause de vous ;

Oyez-vous pas qu’elle en murmure,

Et qu’elle en parle à ses cailloux ?
Les oiseaux sont de la partie,

Car ils défendent les buissons,

Disant à l’eau pour répartie,

Que les maquereaux sont poissons.
Cessez de me blâmer, ma belle ;

Car le ciel marri de mes maux ;

Pour accorder notre querelle,

Fait disputer les animaux.

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