Nuit fille de la terre, amène tes flambeaux

Nuit fille de la terre, amène tes flambeaux,

Et ton silence coi, et des hauts monts descendre

Fais tes brouillards nuiteux pour ici les étendre

Et couvrir l’horizon de tes sombres rideaux,
Afin que le Sommeil des stygieuses eaux

Vienne arrouser mon chef, et sur mon corps répandre

Le jus du noir pavot pour m’aider et défendre

Contre amour inventeur de martyres nouveaux.
Les plaies, les liens et les prisons obscures,

Les peines, les soucis, les flammes, les froidures,

Ne nuisent aux humains pendant que le sommeil
Tient leurs corps engourdis dessus la plume oiseuse.

Répands donques sur nous ton humeur paresseuse,

Ainsi jamais Phoebus ne nous montre son oeil.

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Nuit fille de la terre, amène tes flambeaux
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